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Au pied de la lettre
photos, papiers, mots, plâtre.
Prémices à la littérature et à la création qui ne sont en soi
qu’un enrobage de mots et d’images nourries au creuset de nos
pensées et de nos émotions. Pendant quelques jours, il a été
donné à chacun d’essuyer les plâtres, de mettre la main à
l’ouvrage et de fabriquer un peu de matière à dire.
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Le mode d’emploi était simple, écrire sur une feuille une
pensée, un mot, une phrase, et avec cette feuille manuscrite,
former une lettre de son choix. Ensuite avec du plâtre, fixer
cette forme avant de passer dans un studio photo installé pour
l’occasion dans la galerie.
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96 portraits réalisés lors des journées portes ouvertes du CCAM
les 17/18/19/20 septembre 2007
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J’aurais aimé dire

photos, texte.
Profiter de l’occasion pour écrire ce que j’aurais aimé dire. |
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Souffle de vie

Série réalisée avec la complicité d’Anne, le 8 mai 2007.
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Face à elle, de gauche à droite :
- Pascale Mourot, cadre hospitalier psychiatrique
- Philippe Girodon, violoniste
- Clémence Rapin, lycéenne
- Régine Jacubert, retraitée et ancienne déportée
- Michel Fainsilber, photographe
- Ginelle Chagnon, danseuse et répétitrice de ballet
- Luc Taillandier, médecin hospitalier en neuro-oncologie
- Valentine Leroy, collégienne
- Roger Dessaint, retraité et doyen des nancéiens, 105
et demi
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Jamais seul
Portrait d’Anne et Pinpin, peluches d’occasion achetées ou
données |
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Le Pinpin
Le Pinpin est un animal sauvage qu’il faut apprivoiser de mots
tendres. Si l’on n’a pas tué l’enfant qui
sommeille en nous, il devient un compagnon fidèle, turbulent et
bavard, témoin attentif de tous nos secrets. Privé de soins et
d’attentions, il se détitrerait pour rejoindre ses congénères
en une masse synthétique royaume des acariens, nouvelle arche de
Noé (L) made in China, voguant silencieuse dans les abysses
d’étreintes oubliées, au large des êtres rangés au fond de nos
mémoires.
Portrait d’une ville

Représentation de Portrait d’une ville et des 1354
portraits réalisés pendant la manifestation du Livre sur la
Place à Nancy en 2004 et présentés dans l’exposition Stanislas
Urbi et Orbi en avril 2005.
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Le visage des mains
Cette série réalisée au centre de tri de Ludres n’est pas une
commande de l’employeur, mais le résultat d’une rencontre, lors
du tournage de la vidéo "Travail en
Cours /
Work in progress",
avec ces hommes et ces femmes qui œuvrent dans des conditions
difficiles et ingrates. |
Images et réalisation Daniel Denise
Chorégraphie et interprétation Paul André Fortier
Montage Laetitia Giroux
Vidéo réalisée lors de la venue du danseur canadien Paul-André Fortier,
venu présenté à Nancy sa performance "Solo 30x30 " du 6 avril au 7 mai
2006 sous le Pont des Fusillés.
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La danse des canards
Le mouvement engendre l’immobilité, pour notre plus grande gourmandise. |
Au pied de la lettre
photos, papiers, mots, plâtre.
Pendant les portes ouvertes du CCAM
les 17/18/19/20 septembre 2007, il
a été donné à chacun d’essuyer les plâtres...

Une œuvre conséquente …
Essuyer les plâtres de la Galerie Robert Doisneau, dans sa nouvelle
configuration, agrandie et tout de blanc vêtue, telle était la mission
confiée à Daniel Denise. Celui-ci ne s’est pas fait prié pour investir
les lieux d’une manière autrement subtile que par la simple accumulation
de photographies que le linéaire de cimaises disponibles permet
d’accrocher.
Que nous donne à voir cette exposition ? A première vue, la
juxtaposition de pas moins de neuf ensembles de travaux faisant appel à
des techniques variées (écriture, sculpture, vidéo, photographie),
traitant de sujets divers (portraits, natures mortes, expression
corporelle, assemblages d’objets) et présentés de manière distinguée par
le titre et la séparation physique.
A première vue … et si on en reste là, c’est dérangeant, voire un peu
décourageant, en dépit de la grande qualité des tirages photographiques.
Où est le fil conducteur ? Dans le travail impeccable du photographe
multipliant les portraits systématiquement affrontés de ses sujets ? Si
cette hypothèse était la bonne, que vient faire dans cette galerie le
texte poétique et doucement humoristique sur la parole qui introduit
l’exposition ?… et ces deux vidéos relatant des séquences dansées ? …
et ces natures mortes de volailles ou ces moules de plâtre cassés ?
Un peu d’attention… et l’on s’aperçoit que l’artiste ne s’est pas
contenté de saisir les traits du visage de ses modèles, que la présence
de leurs mains et de ce qu’elles contiennent est tout aussi importante,
que dans ces éléments se trouve l’unité des ensembles : l’alphabet
décliné (dans " Au pied de la lettre ") ; les boules colorées dans
l’obsédant portrait d’Anne, répété en 9 exemplaires et, en face, le
cadeau des mains ouvertes sur autant de couleurs (dans " Souffle de
vie ") ; les images brandies par les ouvriers du centre de tri des
déchets recyclables de Ludres (dans " Le visage des mains
", on ne peut
être plus explicite !)
Nous ne sommes décidément pas en face d’une série d’instantanés saisis
au vol pour être sélectionnés par un maître d’œuvre en fonction de leurs
qualités à rendre compte d’un moment privilégié mais bien les témoins
d’une histoire profondément humaine, inscrite dans le temps, à la fois
grave et ludique, confidentielle et publique, histoire d’un binôme
créatif où l’artiste n’est pas le seul acteur et où les modèles
s’expriment autant qu’ils s’exposent. Lors de l’exposition
" Urbi &
Orbi " (Galeries Poirel, 2005), Daniel Denise n’avait-il pas recommandé
au visiteur de devenir son propre chef-d’œuvre ! Belle continuité qui
justifie l’expression « œuvre conséquente » employée dans le titre de
cet article.
Continuité aussi avec la vidéo montrant le chorégraphe Paul André
Fortier (" Travail en cours / Work in progress ") s’exprimant en divers
milieux professionnels. Ici la danse de l’artiste se fait furtive et met
en valeur la chorégraphie propre des gestes du travail. Cette dimension
publique, largement collective trouve aussi son pendant dans le
" Portrait d’une ville " qui figurait en bonne place dans l’exposition
ci-avant citée. L’investissement sur le long terme impliquant un effort
de mémoire, pas étonnant de trouver Daniel Denise préoccupé par
l’histoire, les portraits brouillés par « La marche du temps » venant
ici concrétiser cette volonté de ne pas oublier.
Ouvrage à la croisée des disciplines artistiques, dans le droit fil du
projet défendu par la Scène Nationale de Vandoeuvre. Œuvre profondément
humaniste et singulièrement originale : Robert Doisneau aurait
certainement apprécié ce qui est montré dans la galerie qui porte son
nom.
Tout ce ressenti-là, j’aurais aimé le dire avec " des
mots-type pour ne pas réfléchir et faire croire que je suis à mon
affaire … des mots lourds de sens avec des poignées … des mots à double
sens qui pourraient se lire dans les miroirs … des mots inventés pour
exprimer l’indicible … des mots à n’en plus finir pour combler le vide …". Vous êtes témoins :
j’ai encore besoin de Daniel Denise pour devenir mon propre
chef-d’œuvre !
Jean Marie Dandoy
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