Article n°3

2 mai 2004. Célébrations.

      

Depuis maintenant dix ans, saint Tchernobyl repose en silence sous un sarcophage de béton.

 

Le 26 avril 1994, ce nouveau saint faisait son apparition sur le calendrier de la liturgie mondiale. Aujourd’hui nous le fêtons et le prions comme des primitifs se prosternant devant une idole de pierre dotée de pouvoirs maléfiques. Et si la bête se réveillait ? Alors nous courbons l’échine dévotement, en signe de soumission, d’impuissance, déléguant de grands prêtres pour honorer sa carcasse et le couvrir d’attentions.

 

Les valeureux guerriers de la première heure, affublés d’une dérisoire armure en plomb, ont succombés dans une grande indifférence. Les météorologues politique français, négligeant le principe de précaution, furent de pitoyables bouffons d’une grande messe silencieuse. Ce seuil d’incompétence, de désinformation et de manipulation fait intégralement partie de la tragique saga de Tchernobyl.

 

Mais rassurez-vous, il n’y aura plus jamais ça.

 

Après cette funeste célébration, vient la fête du travail.

 

Les grands étendards d’un rouge flamboyant flottent avec allégresse, portés par de jeunes et vigoureux travailleurs aux muscles saillants. La faucille et le marteau, symboles aujourd’hui obsolètes, ont été remplacés par une carte de crédit et une semaine au club Méd. Des avantages orphelins cherchent leurs parents parmi la foule dense et compacte qui encombre les rues. Les badauds s’interrogent à voix haute : à qui  ces avantages ? Certains aimeraient les adopter tant ils ont belle allure, mais une brigade de tuteurs veille jalousement, repoussant toutes tentatives de séduction.

 

Ouf ! La morale est sauve.

 

Le cortège s’élance enfin, laissant derrière lui l’ empreinte de son rassemblement.

 

A la manière des grands troupeaux, une somme conséquente d’excréments jonche le sol. En y regardant de plus près ce sont des tracts fustigeant le capitalisme, déjouant ainsi la sagacité de l’observateur croyant y trouver des traces toutes fraîches.

 

Ouf ! Rassurons nous, l’homme n’a rien trouvé de mieux que lui-même. 

 

 

Daniel

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