Cénotaphe de Stanislas Leszczynski
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Le Tombeau
de Stanislas
Eglise Notre-Dame-De-Bonsecours
256, place du Général de Castelnau à Nancy
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L'importance du sanctuaire de Bonsecours
L'Eglise de Bonsecours est antérieure de trois siècles au règne de Stanislas
Leszczynski. Objet de remaniements et d'agrandissements successifs, elle fait
l'objet de toutes les attentions de Stanislas Leszczynski nouveau Duc de
Lorraine.
Dés la prise de possession des duchés de lorraine en 1737, Stanislas Leszczynski
entreprend la démolition et la reconstruction de ce sanctuaire. Plusieurs
raisons expliquent cette mise en œuvre rapide du chantier dans un lieu
emblématique qui symbolise l'indépendance lorraine face aux ambitions
étrangères. Stanislas ne peut prétendre à être enterré dans la chapelle ducale
des Cordeliers de Nancy et cette réalisation lui permet d'ancrer son règne et sa
postérité au cœur de la mémoire des lorrains.
Le Roi déchu de Pologne ne reste pas insensible au culte marial lié à cette
église qui lui rappelle la vénération dont elle jouit dans son pays d'origine.
La localisation de l'église de Bonsecours à la croisée de la Malgrange, de Nancy
et de la route de Lunéville, expliquent aussi son choix pour réaliser ce
sanctuaire.
Les origines de l'église Bonsecours
Le 5 janvier 1477, emmenés par le duc René II de Lorraine, les Lorrains et leurs
alliés écrasent les Bourguignons. Cette date marque la fin de la bataille de
Nancy par la mort de Charles le Téméraire. Des milliers de soldats morts en ce
lieu lors de la bataille sont inhumés dans une fosse commune, près du ruisseau
de Jarville. L'étendard de René II portait lors de la bataille l'image de
l'Annonciation. En 1484, un religieux obtient de René II la permission d'y
élever une chapelle et un ermitage.
Le sanctuaire placé sous le vocable de Notre-Dame-de-Bonsecours par le duc est
parfois nommé église Notre-Dame de la Victoire, les Lorrains la nommaient
"Chapelle des Bourguignons". La chapelle primitive de Notre-Dame-de-Bonsecours
est destinée à remercier la Vierge Marie de la victoire de René II.
La chapelle abrite une statue de la Vierge sculptée en 1505 par Mansuy Gauvain,
sculpteur ordinaire du duc René II, qui travaillait aussi à la Porterie du
Palais ducal. La Vierge est d'une belle sérénité, sous les plis de son manteau
qu'elle ouvre de ses deux mains, la Vierge abrite le genre humain, symbolisé par
de petits personnages " de toutes conditions", agenouillés de part et d'autre.
C'est un bel exemple du type bien connu de la Vierge de la Miséricorde qui
connait, en Lorraine, une vogue renouvelée certainement grâce au succès de
popularité de cette statue.
La statue de la Vierge de l'ancienne chapelle, retrouve sa place en 1741 dans la
nouvelle église. Elle demeure comme un rare spécimen de la sculpture lorraine de
la fin du moyen âge, extrêmement intéressante, elle se trouve au fond de
l'abside, dans une vaste niche.
Desservie par les ermites puis, à compter de 1609 par les Minimes de Nancy, la
chapelle devient un sanctuaire connu. Très petite, elle est agrandie en 1629.
Les malheurs du XVIIe siècle durant la guerre de Trente Ans accroissent encore
la dévotion des Lorrains pour la Vierge de Bonsecours, en laquelle ils placent
leur confiance pour écarter les ravages de la guerre, la peste et la famine.
Reconstruite sous le règne de Stanislas
Objet de remaniements et d'agrandissements successifs, elle est rasée en 1737
par Stanislas Leszczynski, nouveau Duc de Lorraine, qui ne peut prétendre à être
enterré dans la chapelle ducale des Cordeliers. Stanislas commande son mausolée
à un jeune architecte Emmanuel Héré. La première pierre de l'église de
Bonsecours est posée le 14 août 1738 par Mgr Bégon, évêque de Toul.
Emmanuel Héré, réalise ainsi l'une de ses premières
œuvres terminée en 1741. Limité par l'espace disponible, il donne à la façade
étroite cette forme très élancée. La hauteur est encore accentuée par un
clocher, surmonté d'un toit bulbeux, couronné d'une flèche.
Quatre colonnes engagées, d'ordre composite, proviennent du château de La
Malgrange que le duc Léopold Ier de Lorraine avait commandé à Germain Boffrand
et qui était demeuré inachevé.
Les colonnes supportent un entablement et un attique que termine la tour.
Dans
l'entrecolonnement central s'ouvre une porte au-dessus de laquelle est ménagée
une fenêtre, dont le cartouche se compose des armoiries de Stanislas et de la
devise des minimes.
La devise des Minimes "Caritas" rappelle que le sanctuaire avait été confié à
l'ordre des Minimes. La façade est ornée dans la partie inférieure de niches où
sont logés Saint Stanislas et Sainte Catherine. |
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De style rococo
Stanislas souhaite par nostalgie, une église avec une atmosphère polonaise. La
décoration intérieure est chargée et reste l'un des rares témoignages du style
rococo religieux en France particulièrement expressif dans les statues
polychromes des saints, dont plusieurs sont particulièrement vénérés en Pologne.
Ils ornent les pilastres de la nef à gauche (côté de l'épître): Saint Jean
Népomucène (présenté comme lointain parent du roi de Pologne), Sainte Reine,
Saint François-Xavier, Saint Michel Archange; à droite (côté de l'Évangile):
Saint François de Paule, Saint Antoine de Padoue, Saint Gaëtan de Thienne, Saint
Joseph. Les auteurs de ces statues sont inconnus.
L'étroite nef, n'en est pas moins haute de 18 mètres, coupée par une arcade
surbaissée dominée par la voûte. Les murs sont couverts d'un revêtement de stuc
coloré, aux motifs géométriques, donnant l'apparence du marbre et d'un arc
triomphal tendu de fausses draperies. Cette réalisation est l'œuvre de Louis et
Nicolas Manciaux qui travaillèrent longtemps dans les châteaux de Stanislas.
Les voûtes sont en 1742 décorées par le peintre Joseph Gilles, dit "le
Provençal", les fresques restaurées en 1853 par Bourdier. Ces représentations
sont consacrées dans la première travée à l'Annonciation, dans la seconde et
troisième travée à l'Assomption et dans la quatrième à l'Immaculée-Conception.
Les lunettes sont décorées d'emblèmes de Marie. Les fresques de Bonsecours
témoignent de la diversité culturelle de l'époque des lumières, avec des
influences venues de France, d'Italie, conformes au goût de Stanislas.
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La chaire est très ouvragée, et
d'un travail délicat. Elle repose sur un support fait de quatre branches de
style Louis XV, qui se terminent par des symboles évangélistes.
Ces quatre panneaux sont ornés de bas-reliefs représentant le Sauveur entouré
des apôtres et trois des évangélistes, Saint Mathieu, Saint Marc et Saint Jean.
Sur le dossier est figurée la scène du Calvaire. L'abat-voix est soutenu par
deux palmiers qui se courbent et forment une console.
De belles grilles bordaient naguère la coursive, elles ont été enlevées à la
Révolution; il ne reste plus aujourd'hui que la grille du sanctuaire au chiffre
de Stanislas Leszczynski (S.R.L.L.) que l'on attribue au serrurier Jean Lamour. |
La double rangée de stalles qui garnit le fond de l'abside date seulement du
XIXe siècle, le décor en est achevé en 1877. En 1889, deux confessionnaux de
style Louis XV, dus aux ateliers de Eugène Vallin et Victor Huel, sont disposés
dans la nef, qui portent, pour celui de gauche, les symboles de la Justice
(l'Ancien Testament) et celui de droite, une représentation de la Miséricorde
(le Nouveau Testament).
Les vitraux du chœur modifiés en 1872 par l'atelier du verrier messin,
Laurent-Charles Maréchal représentent, le mariage de la Vierge et la
présentation de Jésus au Temple. Ces vitraux ont été commandés en 1868 par
Napoléon III, à la demande de l'impératrice Eugénie. L'ensemble est très
lumineux grâce aux 7 vitraux de la nef posés en 1904. Ils sont l'œuvre du
peintre verrier Joseph Janin. Chaque vitrail comporte un médaillon illustrant
une scène de l'histoire de l'église Bonsecours.
On remarque au dessus de l'entrée un orgue Cuvillier et des drapeaux turcs. Ces
emblèmes furent capturés par Charles V de Lorraine à la bataille de
Saint-Gothard (5 août 1664), Charles François de Lorraine à la bataille de
Mohács (12 août 1687) et par le duc François III à la bataille de Méhadia
(Caraş-Severin, Roumanie) le 13 juillet 1738.
Dans le chœur, près du mausolée de Stanislas, se trouvait le guidon (étendard)
du régiment des gardes du roi de Pologne, reproduction réduite du drapeau que
les habitants de Dantzig avaient envoyé au roi en souvenir du fameux siège
qu'ils avaient subi, en 1733. Volé en novembre 1969 et restitué en très mauvais
état, ce guidon a été déposé au Musée lorrain.
Les tombeaux, joyaux du sanctuaire
- Catherine Opalinska
Le premier monument installé en 1749 côté droit (côté de l'évangile) pour la
reine Catherine Opalinska qui mourut le 19 mars 1747. Stanislas commande le
mausolée à Nicolas-Sébastien Adam, qui travaillait à Paris et jouissait d'une
grande vogue. La famille Adam était déjà bien connue à Nancy car il était le
fils du sculpteur nancéien, Jacob Sigisbert Adam.
Ce monument est mis en place en
1749 et c'est une œuvre de grandes dimensions.
La reine est représentée
agenouillée sur son tombeau, qui est placé devant une pyramide de marbre et
supporté par un socle élevé, un ange la guide vers le ciel, dont les splendeurs
entrevues éclairent son visage.
Son sceptre et sa couronne sont déposés à ses pieds. Un aigle qui tourne sa tête
vers la souveraine couvre le tombeau de ses ailes magnifiquement déployées.
Sur le soubassement se trouve l'inscription gravée sur du marbre blanc, flanquée
de deux bas-reliefs en médaillons de la même matière, d'un puissant relief et
d'une grâce inégalable, la Foi et la Charité. |
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L'ensemble est exécuté dans la pure tradition du baroque berninesque (attitude
théâtrale, corps déhanché et vêtements agités) qui inspire les artistes de cette
époque.
- François Maximilien Ossolinski
En 1756 le monument initial de François Maximilien Ossolinski est placé dans la
chapelle à gauche de l'entrée. Ce monument se voit aujourd'hui aux côtés de
celui de Catherine Opalinska. Il a été replacé là en 1807 lors de la première
restauration du chœur.
François-Maximilien Ossolinski, grand trésorier de la couronne de Pologne, grand
maître de la maison du roi, qui avait fidèlement suivi Stanislas, son cousin,
profitant du séjour à Nancy de Nicolas-Sébastien Adam en 1749 pour lui commander
son tombeau. Le sculpteur le représente en marbre blanc dans le grand manteau de
chevalier du Saint-Esprit, un couple d'angelots veillant les armes du Duc (la
hache d'argent).
- Stanislas Leszczynski
Stanislas décède le 23 février 1766, à quatre-vingt-huit ans au château de
Lunéville. Louis XV commande le cénotaphe de Stanislas à Claude-Louis Vassé.
Louis XV gendre du roi de Pologne sera moins généreux que son beau père pour
Catherine Opalinska. Le tombeau de Stanislas demeure l'œuvre majeure de
Claude-Louis Vassé, artiste reconnu de mérite, mais qui n'a pas la valeur de
Nicolas-Sébastien Adam. Vassé décède avant d'avoir terminé sa commande et c'est
Félix Lecomte, un de ses élèves qui termine le travail en cours. Le monument ne
sera mis en place que tardivement en 1775.
Le mausolée de Stanislas est placé, du côté de l'épître, face à celui de
Catherine Opalinska.
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Son ordonnance générale est la
même que celle du tombeau de Catherine.
Le roi, vêtu à la polonaise, représenté couché à la manière antique sur son
tombeau, la main droite est appuyée sur un bâton de commandement.
Les attributs de la royauté sont à ses côtés.
Sur le vaste socle qui supporte le
tombeau est posé le globe terrestre à demi enveloppé dans un voile de deuil,
symbole de la douleur universelle que causa la mort du souverain. |
On remarque à gauche, la Charité qui se pâme, prostrée, et, à droite, la
Lorraine agenouillée, tournant avec affection son regard vers le souverain, qui
tient une tablette où sont gravés ces textes bibliques : " Non recedet memoria
ejus, et nomen ejus requiretur a generatione in generationem "
Dans un grand panneau un texte latin rappelle à la postérité les vertus du
"Bienfaisant" roi Stanislas avec cette description énonçant ses bienfaits envers
la Lorraine.
Texte traduit :
Ci git Stanislas, le bien nommé, qui a enduré les nombreuses vicissitudes de
la condition humaine. Il n'en fut pas brisé, immense sujet d'admiration tant sur
ses terres qu'en exil.. L'approbation de son peuple le fit roi, il fut accueilli
et embrassé par son gendre Louis XV. Il gouverna choya et embellit la Lorraine,
comme un père et non comme un maître. Il y nourrit les pauvres, y restaura les
villes que la peur avait endommagées, il encouragea aussi les belles lettres,
pleurez le, vous qui êtes inconsolables.
- Marie Leszczynska
Marie Leszczynska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son
affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.
Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23
septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à
Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczynska est de petite dimension, un
médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l'un
présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine.
Après la révolution
L'église souffre beaucoup durant la Révolution. Les mausolées sont sauvés en
raison de leur caractère artistique et transférés dans la chapelle de la
Visitation transformée en musée. Dans la crypte les caveaux sont profanés, le
plomb des cercueils envoyé à la fonte, et les corps enfouis dans un coin de la
crypte.
L'église échappe cependant à la destruction. En 1806, le chœur est de nouveau
restauré car les travaux ont été interrompus par la tourmente révolutionnaire,
grâce au soutien de Mme de Bourgogne. En 1807, les monuments sont à nouveau
installés dans le sanctuaire et les sépultures rétablies.
L'église reçoit maintes visites princières. Le comte d'Artois (le futur Charles
X) vient, le 19 mars 1814, consacrer la Vierge. Il revient en novembre de la
même année. En 1831, Louis-Philippe vient s'agenouiller devant la Vierge.
L'impératrice Eugénie s'y rend en 1866. À plusieurs reprises, les Polonais se
recueillent devant les restes de leur ancien roi.
Elle devient une simple annexe de l'église Saint-Pierre de Nancy, puis en 1841
l'église d'une maison de retraite pour les prêtres âgés du diocèse, d'où le nom
de collégiale qu'on lui donne couramment.
Elle ne devient paroisse qu'en 1844, grâce à l'abbé Morel. Il entreprend la
restauration complète de l'édifice et agrandit le chœur en 1862. Le pape Pie IX,
offre en 1865, un diadème, surmonté d'une croix de Lorraine, tenu par deux anges
symbolisant l'un la France et l'autre la Lorraine. À cette occasion du
couronnement de la statue de la Vierge, de grandes fêtes consacrent cette faveur
accordée par le pape Pie IX.
Le sanctuaire est devenu indissociable de l'histoire de la Pologne. D'illustres
personnalités ou de simples citoyens polonais de passage se recueillent sur le
cénotaphe de Stanislas.
Bruno DENISE
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Sources :
- Archives Municipales de Nancy
- Archives Départemental de Meurthe et Moselle à Nancy
- Service régional de l'inventaire Lorraine
- Université Nancy 2
- Université Barcelone
- Musée Lorrain de Nancy
- Histoire de Nancy sous la direction de René Taveneaux , éditeur Privat 1978
- Anthologie des mémorialiste du XVIIIème
siècle Robert Laffont 1996
- Le vieux Nancy par Pierre Marot 3ème
édition Nancy -Hélio 1980
- Histoire de Nancy par Henri Lepage réédition de 1838
- Stanislaus Leszczynski, Ein König im
Exil Blieskastel: Bliesdruckerei, 2006
- La Place Royale de Nancy
de Pierre Marot, édition Berger LEVRAULT 1966
- Jean Lamour, Albert France-Lanord, édition 1977 Presse Universitaire de
Nancy
-
Le roi Stanislas , d’
Anne Muratori Philip éditeur Fayard
- Encyclopédie Larousse / Hachette
-
Encyclopédie raisonné Diderot et d'Alemberg -
http///portail.atilf.fr/encyclopedie/
- L'Encyclopédie libre Wikipédia - http://fr.wikipedia.org/wiki/Lorraine#Histoire
Photos
- ©Bruno DENISE
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